A l'âge de 16 ans, Wilhelm Schimmel, le fils d'un instituteur, devint apprenti ébéniste. C'était en 1870, et son travail portait en partie sur la facture du violon et de l'accordéon. Son intérêt pour les instruments de musique s'éveilla, mais, une fois sa formation achevée, il fut bientôt nommé surveillant de l'ébénisterie locale. En 1876, il apprit que la Stichel Pianofortefabrik, à Leipzig, cherchait un apprenti. Sans hésiter, il quitta son poste pour redevenir apprenti. Au bout de huit ans de travail chez Stichel, la tentation de faire cavalier seul devint irrésistible.

En 1885, Schimmel ouvrit sa propre fabrique, un minuscule bâtiment situé à Neuschönefeld, près de Leipzig. En moins de neuf ans, il fabriqua plus de 1'000 instruments, et, au bout de treize ans, la maison réalisa son 2'500e piano.

En 1927, à l'âge de 73 ans, Wilhelm Schimmel prit enfin une retraite bien méritée. Son fils, Wilhelm Arno, hérita d'une société fort rentable, d'une marque prestigieuse et d'une gamme de pianos réputés pour leur excellence et leur très bon rapport qualité-prix. Malheureusement, cela se passait à une époque où l'économie mondiale déclinait et où le marché du piano était érodé par l'arrivée du gramophone et de la radio. Schimmel et d'autres facteurs allemands consolidèrent leur position en mettant leurs ressources en commun, créant une sorte de coopérative connue sous le nom de Deutsche Piano Works. L'usine fut réimplantée à Brunswick.

Au bout de quelques années, Wilhelm Arno comprit que les intérêts de la maison Schimmel seraient mieux servis si elle quittait la coopérative, et, en 1931, elle reprit son indépendance sous le nom de Wilhelm Schimmel Pianofortefabrik GmbH, mais resta à Brunswick. Contrairement à la plupart des maisons bien établies, Schimmel était prête à répondre aux exigences d'une nouvelle génération de clients et se concentra sur la production d'instruments du type "console" alors en vogue. Son modèle Golden Jubilee de 1935 fut le précurseur du très populaire Mini-Royal, construit sous licence par Eavestaff. En 1944, vers la fin de la guerre, l'usine Schimmel fut presque entièrement détruite, mais, dès la fin de l'année suivante, la maison fit reconstruire un local modeste pour la réparation et le ravalement de pianos, et, en 1947, la production redémarra.

En 1973, sous la houlette de Nicholas Wilhelm Schimmel, la fabrique acquit des locaux modernes et spacieux dans la banlieue de Brunswick. Sa production s'éleva à environ 9'000 unités par an, en faisant la plus grande fabrique de pianos d'Europe occidentale. Schimmel fut la première à concevoir un piano en acrylique transparent, et elle est probablement la seule à produire un tel instrument en (petite) série. Le paquebot Queen Elizabeth Il en possède un.